Epines infernales

Des épines, la vie nous les réserve. Chaque piqûre irradie notre corps de douleur. La vie apparaît dès lors comme un buisson d'épineux. Les dards aiguisés lacèrent la peau, l'écorchent; dans le tumulte de la vie, comme anesthésiés par notre fuite en avant, nous ne sentons guère les écorchures qui dégoulinent de souffrances. Non, nous pensons que la vie est ainsi faite, d'échecs et de peines. Ne pensons-nous pas, à juste titre, que nous apprenons de nos manquements ? Oui, jusqu'au moment où des épines infernales mordent nos consciences ostracisées par nos pensées stéréotypées, promptes à se réfugier dans nos zones de confort. Des épines infernales qui portent des dards aiguisés par la trahison, la haine, mais aussi les valeurs ancestrales jetées aux orties par la communauté décadente à défaut d'être moderne. Ces piqûres sont salvatrices puisqu'elles sont source de réveil, de prise de conscience, même si parfois, il nous semble trop tard. Tout dans ce recueil est une impulsion dosée tel les chocs électriques infligés aux malades mentaux dans l'espoir qu'ils reviennent, un jour, dans l'univers des normaux . Ici, l'auteur semble chercher un sursaut difficile mais pas impossible. Il guette après chaque strophe l'étincelle qui enflammerait les esprits moribonds. Les deux premières parties du recueil, No-blesse et prouesse et Femme et foyer, sont comme autant de piqûres de rappel, un appel à la raison et au retour à la source. La science, la culture, la bonne femme et sa place dans la société. Dans chaque poème, c'est la comparaison entre le bien et le mal, entre ce qui est censé nous sauver et ces lumières éphémères qui nous entraînent aux abysses. C'est l'âme soeur comparé à un paradis sur terre et la dame-leurre qui est l'enfer personnifié. La troisième partie du recueil, désastre et détresse, est une partie charnière. Elle apparaît comme la fonderie qui sert à décanter les âmes pures des damnées. Les propos sont incisifs, presque durs, parfois vulgaires. Dignitaires miteux, responsables irresponsables, mariage forcé, grossesse non désirée, les maux de la société sont égrenés avec des mots crus. Il décortique, blâme, avant d'indiquer la porte de la rédemption dans la dernière partie, Religion et addiction . C'est l'appel du muezzin qui promet le sauvetage certain. Ce recueil facile à lire se termine par un poème plein d'espoir, Profite . Avant que ne te quitte l'agilité et l'efficacitéAvant que ne t'atteigne la sénilité et te gêneAffectant et neutralisant toutes tes capacitésProfite de ta force tant que tu es jeuneAvant d'être dépourvu de ta mobilitéDevenant un moribond par la mort hantéeGrabataire languissant toujours alitéProfite tant qu'il est temps de ta santé [...]